Les livres féministes à lire absolument

À l’approche de la journée internationale des droits des femmes, il nous était impossible de faire l’impasse sur les meilleurs livres féministes. Égalité des sexes, droit des femmes, culture du viol, harcèlement, réappropriation de son corps… Les injustices sont aussi nombreuses que complexes. Faisons le point, voulez-vous ?

Pendant tout le mois de mars, la femme est mise à l’honneur et plus particulièrement le 8 mars ! Officialisée par les Nations Unies en 1977, la journée internationale des droits de la femme est l’occasion de faire un bilan et de célébrer les victoires. À travers les multiples manifestations organisées à travers le monde, les féministes en profitent également pour faire entendre leurs revendications. Vous l’aurez compris, le combat pour l’égalité homme-femme est loin d’être terminé. Et pour comprendre la teneur de tous ces engagements, rien ne vaut une bonne lecture féministe !

Mâle baisées de Dora Moutot

Le livre féministe de Dora Moutot est celui qu’il ne fallait pas manquer en 2021. En s’intéressant à ce qu’il se passe sous la couette des femmes, elle analyse aussi bien politiquement, socialement que scientifiquement, comment le patriarcat influence nos comportements. Mais rassurez-vous, c’est sur un ton souvent humoristique qu’elle engendre de nombreux questionnements en s’amusant à démonter toutes nos croyances sans jamais chercher à culpabiliser les femmes.

Mais finalement Mâle baisées, c’est quoi ? Eh bien, c’est un livre sur le féminisme qui parle de la sexualité des femmes à la lumière de la domination des hommes. Mais tout cela s’explique dans les constructions sociales qui régissent la sexualité des femmes. Parce que oui, la sexualité a été imaginée pour satisfaire l’homme sans jamais prendre en considération le plaisir féminin. Mais c’en est fini de la dick-tature ! L’heure est à la révolution sexuelle ou à la révulvation selon les mots de Dora Moutot. Et ce n’est certainement pas les militantes féministes qui diront le contraire !

« Mâle-baisée ; à travers cette « insulte », ces hommes admettent qu’il existe bel et bien une misère sexuelle féminine provoquée par l’incompétence masculine »

Les grandes oubliées : pourquoi l’histoire a effacé les femmes ? de Titiou Lecoq

Si vous vous intéressez de près à l’histoire du féminisme, le dernier livre de Titiou Lecoq est celui qu’il vous faut. Et selon elle, les inégalités commencent dès la préhistoire… En effet, alors que des recherches témoignent de l’activité de la femme dans la vie quotidienne, la journaliste s’est amusée à tracer une grande fresque des fluctuations historiques du rôle des femmes dans l’Histoire… et c’est tout simplement sidérant !

En passant de l’anecdote à la réflexion, elle nous démontre comment, à chaque époque de l’Histoire, des femmes ont agi, écrit, milité sans jamais être retenues par un aucun manuel d’histoire. Preuve en est que la condition de la femme n’a jamais été une priorité pour la postérité… C’est ainsi qu’à travers cette relecture chronologique et féministe de l’Histoire, Titiou Lecoq redonne un nom et une place à toutes ces oubliées. Oscillant entre le livre féministe, le livre historique et le livre sociologique, elle nous rappelle que le combat des femmes est loin d’être terminé…

« On nous a raconté que d’elles, il n’y avait rien à dire puisqu’elles auraient été empêchées. Si les femmes n’apparaissaient pas dans l’histoire, c’est parce qu’elles avaient été trop occupées avec les enfants, le ménage et le ragoût de pommes de terre »

Une farouche liberté de Gisèle Halimi (racontée par Annick Cojean)

Avec Une farouche liberté, l’ultime cri de révolte de Gisèle Halimi, celle qui se qualifiait d’une « avocate irrespectueuse » revient sur le combat de sa vie : celui de la cause des femmes. Il faut dire que de la petite fille révoltée à l’avocate obstinée, il ne semble n’y avoir qu’un pas… Infatigable militante, elle raconte comment elle a employé sa vie à réparer les injustices sexistes. En bref, un livre féministe qui fait office de sonnette d’alarme !

Si Gisèle Halimi nous a quittés le 28 juillet 2020, elle était l’une des pionnières et reste, aujourd’hui encore, l’une des figures fortes du féminisme. Et c’est dans un dernier appel, plein de ferveur, qu’elle nous invite à reprendre le flambeau de son combat. La voix des femmes s’est peut-être éteinte, mais elle continue de résonner dans la parole de chacun d’entre nous. La bataille est loin d’avoir trouvé son point final, mais rappelez-vous qu’on ne naît pas féministe, on le devient…

« Disons qu’on a bien déblayé le terrain. Mais il faut une relève à qui tendre le flambeau. Le combat est une dynamique. Si on arrête, on dégringole. Si on arrête, on est foutues. Car les droits des femmes sont toujours en danger »

Sorcières, la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet

Pendant longtemps, les sorcières ont été persécutées et stigmatisées comme celles qui envoûtaient les hommes de leur charme irrésistible. Cependant, depuis quelques années, elles sont devenues l’égérie du combat féministe. Le temps est enfin venu de demander réparation. Et c’est précisément ce à quoi vous invite Mona Chollet dans son livre sur les sorcières intitulé, Sorcières, la puissance des femmes invaincues

Souvent représentées de manière misogyne, les sorcières sont restées, dans notre imaginaire, des femmes que l’on brûlait sur les bûchers. Si cette pratique n’est désormais plus en vigueur – ouf ! – cela ne signifie pas qu’elles sont lavées de tout soupçon… mais alors qui sont les sorcières modernes ? L’autrice en distingue trois : les femmes indépendantes, celles qui ne veulent pas avoir d’enfant et les femmes ménopausées. Maudites ? Peut-être… mais Mona Chollet ne compte pas en rester là !

« Les hommes ne vieillissent pas mieux que les femmes ; ils ont seulement l’autorisation de vieillir »

Culottées de Pénélope Bagieu

Comment parler de l’histoire du féminisme sans citer Culottées, la BD fracassante de Pénélope Bagieu ? Son idée ? Faire voler en éclat tous les préjugés ! Il est temps de rétablir la vérité, il n’y a pas que les hommes qui ont marqué notre société de leurs mains… Nombreuses sont les femmes à s’être érigées comme des héroïnes de notre Histoire… elles ont seulement été oubliées par la postérité. Alors ? Qui des hommes ou des femmes sont vraiment culottés ?

Sur un ton résolument humoristique, Pénélope Bagieu brosse le portrait de femmes féministes connues qui ont décidé de mener leur vie comme elles l’entendaient. Au diable les injonctions de la société ! Elles ont un seul et unique but : obtenir l’égalité homme-femme. Téméraires, mais justes, ces grandes figures féministes de l’histoire iront au bout de leurs idées pour enfin faire entendre leurs voix ! En bref, une bande dessinée à mettre entre toutes les mains dès le plus jeune âge !

« Accepte le fait que tu es beaucoup plus que ce que tu penses être ! »

Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage de Maya Angelou

Grand classique de la littérature américaine, Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage est un livre féministe qui dénonce le racisme en Amérique. Autobiographie à peine romancée, Maya Angelou nous raconte son enfance chaotique dans le sud des États-Unis en pleine ségrégation raciale. Petite fille intelligente et obstinée, elle va rapidement comprendre qu’être une fille noire la condamne à une vie de servitude.

Le Black History month s’achève à peine que le mois des femmes prend la relève et ce n’est sûrement pas un hasard ! On dit souvent que l’union fait la force et c’est certainement en unissant leurs voix que les femmes réussiront à faire avancer le combat – et ce, peu importe leur couleur de peau ! Aussi crue que poignante, Maya Angelou n’épargnera rien ni personne. Du racisme au viol, elle n’hésite pas à mettre des mots sur l’indicible dans son roman féministe.

« La vie te donnera exactement ce que tu y apporteras. Mets tout ton cœur dans tout ce que tu fais, prie et puis attends »

La servante écarlate de Margaret Atwood

Saisissante d’horreur, la dystopie de Margaret Atwood (qui n’est pas sans rappeler 1984 de George Orwell) a récemment été remise au goût du jour par son adaptation en série. Initialement publié en 1985, La servante écarlate est un livre féministe qui résonné avec notre actualité de manière dérangeante. En bref, un livre coup de poing qui invite à la réflexion… et nous rappelle oh combien notre liberté est fragile.

Si Margaret Atwood nous projette dans un futur pas si lointain, on ne peut s’empêcher d’avoir la désagréable impression de remonter le temps… Véritables machines à procréer, la survie de la population repose désormais sur les épaules des femmes bien qu’elles soient réduites au silence par une tyrannie dogmatique répressive. Tais-toi et ouvre les jambes pour la postérité de l’humanité… Vous l’aurez compris, La servante écarlate est un roman féministe choc qui appelle à la révolte !

« Nous sommes des utérus à deux pattes, un point c’est tout : vases sacrés, calices ambulants »

King Kong théorie de Virginie Despentes

Eh oui ! Il fallait bien qu’on y arrive… Après tout, King Kong théorie n’est rien de moins qu’un incontournable de l’histoire du féminisme. Érigé au rang de nouveau manifeste féministe, le livre de Virginie Despentes jette une grosse pierre dans la marre. Il faut dire qu’elle ne mâche pas ses mots et n’hésite pas à contester tous les discours bien-pensants sur la pornographie, le sexe, la prostitution ou encore le viol…

Pour Virginie Despentes, chaque être humain est formaté, dès le plus jeune âge, selon les codes de la société patriarcale. Ainsi, un homme se doit d’être viril tandis qu’une femme ne connaît qu’une seule posture : celle de la soumission. Manifeste radical, mais intelligemment argumenté, l’autrice appelle ses consœurs à disposer de leurs corps et de leurs pensées sans devoir subir une oppression masculine. En prenant exemple sur son expérience de la prostitution, elle porte un regard acéré sur les femmes et le sexe dans notre société… Et le moins que l’on puisse dire c’est que notre féministe française n’a pas sa langue sans sa poche !

« Le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes, et pour les autres. Une révolution, bien en marche. Une vision du monde, un choix. Il ne s’agit pas d’opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l’air »

Une chambre à soi de Virginia Woolf

Virginia Woolf n’est rien de moins que l’une des femmes anglaises les plus remarquables ! Autrice de talent, elle était également une avant-gardiste en matière de féminisme. Après tout, n’est-elle pas l’une des premières à avoir osé parler d’homosexualité féminine dans son roman, Mrs Dalloway ? Génie littéraire ou folie, la relation est ambiguë, mais il n’empêche qu’elle pose une question essentielle : où se trouve la place des femmes au sein de la littérature contemporaine ?

Une chambre à soi réunit les textes d’une série de conférences sur le thème de la place des femmes dans la fiction que Virginia Woolf dirigea, en 1928, à l’université de Cambridge. Elle y analyse, non sans ironie, les causes de l’absence des femmes en littérature. Pour elle, tout n’est qu’une question de confiance en soi. Mais pas celles des femmes ! Non, pour elle, c’est parce que les hommes veulent éviter de mettre en danger leur confiance en eux qu’ils les réduisent au silence. En bref, des textes féministes vieux de près de 100 ans qui continuent de résonner dans nos sociétés actuelles…

« Il serait infiniment regrettable que les femmes écrivissent comme des hommes ou vécussent comme des hommes, car si deux sexes sont tout à fait insuffisants quand on songe à l’étendue et à la diversité du monde, comment nous en tirerions-nous avec un seul ? »

Libérées ! ; le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale de Titiou Lecoq

Alors que la plupart des couples sont persuadés de partager équitablement les tâches ménagères, Titiou Lecoq réalise qu’il existe deux versions d’elle-même : le « je » et le « elle ». Et soudain, c’est la révélation, la goutte d’eau qui fait déborder le vase… Pourquoi l’égalité homme-femme semble-t-elle encore si loin d’être atteinte ? Et c’est ainsi qu’à coups de multiples « pourquoi », elle invite ses lectrices à repenser leur place en tant que femme au sein de la société…

Au sein de notre société, la femme est multiple. Elle se dissimule sous de nombreux clichés : la minceur, les cheveux longs et brillants, la femme fatale, la mère aimante, la femme d’affaires… En bref, être une femme c’est se soucier des autres avant soi. Cependant, ne soyons pas trop pessimistes, la révolution est en marche, mais il n’empêche que la femme reste persuadée qu’elle doit s’occuper de tout et de tout le monde… Et si on osait dire stop à la féminisation du foyer ?

« Il ne faut pas déborder. En tour de taille, en volume sonore, dans nos réactions. Celle qui déborde est grosse, vulgaire, hystérique. La femme idéale est comme une ombre qui porte un corset psychologique »

Libre comme une déesse grecque de Laure Chantal

Mais que fait un livre sur la mythologie au milieu de livres féministes ? Vous n’y comprenez plus rien ? Rien de plus logique, on vous explique. Pour comprendre la logique féministe des auteurs d’aujourd’hui, rien de mieux que de remonter à la source des fondements de notre société patriarcale… l’Antiquité grecque. Avec Libre comme une déesse grecque, Laure Chantal s’amuse à relire les grands mythes avec un œil libéré des préjugés. En bref, une déconstruction habile de la vision misogyne de toutes les grandes figures antiques afin de rétablir une certaine vérité.

Que vous soyez un spécialiste de la mythologie ou un néophyte, ce petit essai a beaucoup à vous apprendre. Laure Chantal remet les pendules à l’heure en mettant en valeur la puissance, la force et la liberté dont certains personnages mythiques ont osé faire preuve. Ainsi, vous apprendrez que Médée n’est qu’une psychopathe, que Circée transforme les hommes en cochons pour les rendre meilleurs, qu’Athéna et Arthémis sont d’être des vierges effarouchées, mais des femmes fortes et indépendantes… Bref, vous avez compris l’idée. Avec une plume aussi légère qu’humoristique, Laure Chantal vulgarise la mythologie pour nous amener à repenser une liberté qui reste toujours à conquérir.

« Les Sirènes enchanteresses sont terrifiantes, autant qu’il semble terrifiant qu’une femme puisse tout savoir »

Mais qu’est-ce que le féminisme ?
Dans sa définition moderne, le féminisme est une doctrine qui favorise une justice équitable entre les hommes et les femmes dans toutes les sphères de la société. Mais pour Benoîte Groult, journaliste, romancière et militante féministe, c’est bien plus que cela : « Le féminisme ne se résume pas à une revendication de justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse ; c’est aussi la promesse ou du moins l’espoir d’un monde différent et qui pourrait être meilleur ». Le féminisme est donc un mouvement en constante évolution. De Simone Veil et la loi de l’avortement au mouvement #metoo, l’histoire du féminisme a été jalonnée par les noms de très grandes femmes. Toutes ont apporté leur pierre à l’édifice et, vous vous en doutez, les femmes écrivains n’échappent pas à la règle. Longtemps mises de côté, elles sont revenues sur le devant de la scène, plus percutantes que jamais. Militants ou simple curieux, nous vous proposons aujourd’hui de les (re)découvrir à travers les meilleurs livres féministes.

Mythes et Meufs de Blanche Sabbah

Pour Blanche Sabbah, il n’y a plus une minute à perdre… Il est grand temps de réhabiliter les grandes figures féminines des contes et des légendes qui ont nourri notre enfance. En nous les faisant redécouvrir comme jamais nous ne les aurions imaginées, Mythes et Meufs est une BD féministe qui nous libère de notre vision conditionnée par les injonctions patriarcales. C’est ainsi que, enfants, nous avons accepté toutes ces histoires sans jamais se rendre compte du sexisme qui s’en dégageait… Mais est-ce vraiment étonnant quand on sait que la plupart de ces textes ont été écrits par des hommes ?

En rendant hommage à toutes ces héroïnes bafouées, Blanche Sabbah déconstruit l’image stéréotypée de la femme véhiculé par les contes pour enfants et les mythes : la marâtre jalouse, la pècheresse, la femme fatale, la sorcière… Mais, dans ce cas, les dessins sont plus parlants que les mots, Mythe et Meufs esquisse le portrait de figures féminines historiques qui inspirent, aujourd’hui encore, nos combats. En effet, ces femmes sont devenues des égéries des féministes actuels. De la terrifiante Lilith à la douce Tristesse (Vice-Versa) en passant par Jeanne d’Arc et Blanche Neige, Blanche Sabbah vous révèle le sens caché de leurs véritables desseins.

« Les métamorphoses de personnages féminins pour se conformer (ou se protéger) du désir des hommes reviennent très souvent dans les contes, et semblent ou nous mettre en garde, ou nous préparer à ce destin inévitable. Il est temps de songer à métamorphoser notre manière de voir nos amours, moins comme un prix à conquérir, un trophée à remporter, mais comme un dialogue entre deux êtres consentants qui ne cherchent pas à s’appartenir »

Le consentement de Vanessa Springora

En plein mouvement #metoo, il existe un livre auquel vous n’avez pas pu échapper… Il faut dire que Vanessa Springora a frappé un grand coup sur la table en révélant la sordide affaire sexuelle dans laquelle elle s’est retrouvée embarquée alors qu’elle était âgée de seulement 14 ans… En bref, une histoire vraie devenue un livre féministe qui dénonce le tombeau d’une époque – mai 68 – qui, au nom de la « liberté de jouir », a mélangé la liberté sexuelle des adolescents avec l’impunité triomphale des adultes qui se sont donné le droit d’en abuser.

V. a treize ans quand elle rencontre G. Dès le premier regard, la jeune fille a été hypnotisée par le regard captivant de cet homme. Mais ce qu’il la fascinait par-dessus tout, c’était l’attention qu’il lui portait. À quatorze ans, elle s’offre à lui corps et âme. Mais bientôt, V. grandit et comprend que, derrière l’homme de Lettres, G. n’est rien d’autre qu’un prédateur sexuel. C’est la désillusion… En résumé, Le consentement est un récit libérateur qui a encouragé de nombreuses femmes à sortir du silence pour faire valoir leurs droits. En bref, le livre féministe pionnier du mouvement #metoo.

« S’emparer avec une telle brutalité de l’image de l’autre, c’est bien lui voler son âme »

Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir

S’il y a un bien un incontournable de la littérature féministe à lire absolument, cela ne peut être que Le deuxième sexe ! Il faut dire que les livres de Simone de Beauvoir ont inspiré de nombreuses femmes à libérer leur parole… Après tout, n’est-elle pas celle qui a rédigé le Manifeste des 343 en faveur de l’avortement ? Pour l’une des féministes françaises les plus célèbres, trop c’est trop ! L’histoire des femmes a été écrite par les hommes et il était temps d’y remédier parce qu’« on ne naît pas femme, on le devient ».

Dans le premier tome de Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir revient sur les origines de la rupture entre la gent masculine et la gent féminine. Pourquoi ? Voilà toute la question sur laquelle repose ce premier opus. Essai incontournable mêlant philosophie, sociologie et littérature féministe, la femme de Lettres engagée nous interroge sur l’oppression directe et indirecte subie par les femmes. Selon l’autrice française, cette domination ne serait rien d’autre que le fruit d’un conditionnement social. En bref, un livre féministe intemporel qui continue de résonner dans notre époque actuelle.

« Personne n’est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu’un homme inquiet pour sa virilité »

L’événement d’Annie Ernaux

Prix Nobel de littérature, Annie Ernaux est avant tout pour être une autrice anti-conformiste… et féministe. Avec L’événement, elle révèle à ses lecteurs, au travers d’un récit semi-autobiographique, comment une femme vivait un avortement dans les années 60. Un récit aussi poignant que nécessaire qui nous permet de comprendre les épreuves par lesquelles devaient passer les femmes pour disposer librement de leur corps. En effet, bien plus que nous parler de son avortement, L’événement nous décrit également l’humiliation et la peur, deux termes qui étaient alors synonymes de la vie sexuelle des femmes avant l’invention de la pilule contraceptive. Un livre qui fait office de témoignage indispensable pour mieux comprendre l’histoire du féminisme.

C’est à l’occasion d’un banal examen dans un cabinet médical que la narratrice – alias Annie Ernaux – replonge dans son passé… plus de trente ans en arrière. Nous sommes en janvier 64, encore étudiante, elle s’apprête à avorter clandestinement. Un événement lointain, pourtant indélébile, qui la ramène en pleine recherche de sa « faiseuse d’anges ». Alors qu’elle tente difficilement de cacher sa grossesse à ses proches, la narratrice ne nous épargnera rien. En partageant sa vision effarée du réel, L’événement raconte une société étouffée par les tabous et les préjugés

« Ni lui ni moi n’avions prononcé le mot avortement une seule fois. C’était une chose qui n’avait pas sa place dans le langage »

Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon

Comment s’insérer dans les différents courants féministes quand on est un homme ? Parce que oui, même si beaucoup d’hommes sont aujourd’hui féministes, il n’empêche qu’ils continuent de bénéficier, de par leur sexe, des avantages d’une société conçue par et pour les hommes. Si Victoire Tuaillon ne promet de vous apporter toutes les réponses à vos questions, elle vous donne des clés pour comprendre pourquoi et comment la domination masculine s’immisce dans tous les aspects de notre vie – bien que cela se fasse souvent de manière inconsciente.

En développant des thèmes comme l’éducation, la vie professionnelle, la charge mentale, le harcèlement ou encore la culture du viol, ce livre féministe au titre provocateur s’amuse à démontrer que la masculinité n’est rien d’autre qu’une construction sociale et qu’il est urgent de la remettre en question si on veut espérer atteindre une vraie égalité entre les hommes et les femmes. Un raisonnement que Victoire Tuaillon ne prône pas comme un dogme, mais plutôt comme une discussion ouverte pour faire avancer les choses dans le bon sens. Adapté du podcast phénomène, Les couilles sur la table se veut une synthèse indispensable sur la masculinité et la virilité.

« Je crois à cette idée révolutionnaire que les femmes sont des êtres humains »

À mains nues de Leïla Slimani et Clément Oubrerie

Notre histoire regorge de femmes illustres qui ont été oubliées par la postérité. C’est notamment le cas de Suzanne Noël à qui Leïla Slimani et Clément Oubrerie ont décidé de rendre hommage dans leur BD historique intitulée À mains nues. Une bande dessinée qui se fait le récit du destin d’une femme courageuse qui a décidé de poursuivre ses rêves et de briller dans un monde réservé aux hommes.

Mais là où l’histoire de Suzanne Noël rencontre le mouvement féministe, c’est dans la quête stéréotypée de la beauté. En effet, l’histoire de cette chirurgienne d’exception redore le blason d’une profession aujourd’hui largement dénigrée. Pour elle, la chirurgie esthétique était avant tout un moyen pour les femmes de s’émanciper. Mais vous vous en doutez, une femme qui manipule un scalpel est effrayante… Pourquoi ? Eh bien, tout simplement parce qu’elle réveille une peur sourde chez les hommes. Et si elle avait le pouvoir de les émasculer ?

« Pourquoi nous contenter d’un destin frivole et vain quand nous avons soif de connaissances et que nous sommes animées du désir de nous rendre utile ? »

Pucelle, débutantes de Florence Dupré La Tour

La bande dessinée de Florence Dupré La Tour est de celle que l’on vous invite à glisser entre toutes les mains. Surtout celles des adolescentes ! En effet, c’est avec beaucoup de fracas et d’humour que Pucelle libère les jeunes filles de tous les tabous autour de la puberté et du sexe. Il est grand temps que les adolescentes cessent d’imaginer leur sexualité naissante autour d’un monstre sale et menaçant !

Le sexe, c’est mal. Voilà l’atmosphère dans laquelle Florence Dupré La Tour accueille ses premières règles. Si le sujet de la sexualité peut paraître tabou, l’autrice vous invite, sans jamais se départir de son humour cinglant, à ouvrir le dialogue avec vos ados. Elle nous rappelle, non sans grand tumulte, que c’est en refusant de mettre des mots sur ce qu’il se passe « en dessous de la ceinture » que les enfants diabolisent le sexe. Si ce n’est pas une preuve que le féminisme commence dès le plus jeune âge, on ne sait pas ce que c’est !

« Ne voyais-je pas que l’Histoire ne se conjuguait qu’au masculin ? Comment aurais-je pu percevoir ce qui n’est pas montré ? L’absent. Le vide. Le trou. »

L’année de grâce de Kim Liggett

Vos adolescentes sont des féministes en herbe ? Dans ce cas, nous ne pouvons que vous conseiller de leur faire lire L’année de grâce. Dans la dystopie imaginée par Kim Liggett, les femmes sont considérées comme des sorcières – bien qu’elles ne soient pas nommées comme telles. Quand elles atteignent l’année de leurs 16 ans, les jeunes filles sont au paroxysme de leur magie. Qu’entend l’autrice par-là ? Eh bien, tout simplement qu’elles sont au summum de leur beauté et qu’elles ont le pouvoir d’attirer n’importe quel homme dans leur filet… Tentatrices, elles deviennent alors un danger pour l’équilibre de la communauté.

Pour tenter de contrer ce mauvais sort, toutes les jeunes filles de 16 ans sont envoyées en exil pendant un an. Pourquoi faire ? Eh bien, tout simplement pour les briser. Dans cette société, les femmes sont réduites au silence, au statut de ventre. C’est dur, frappant, la violence y est subtile, mais présente. Sois sage et tais-toi ou tu ne survivras pas. Si l’atmosphère est aussi sombre que cruelle, le message féministe n’en reste pas moins étincelant. Kim Liggett prône la liberté d’une manière peu conventionnelle, mais ça fonctionne… En bref, un livre féministe pour ados à lire absolument dès 13 ans !

« Il existe un lieu secret au fond de nous, où ils ne peuvent ni nous voir, ni nous atteindre. Ce qui brûle en toi brûle en chacune d’entre nous »

Nous sommes tous des féministes de Chimamanda Ngozi Adichie

Il n’y a pas d’âge pour commencer à parler de féminisme ! Pour faire évoluer les mentalités, pas de secret selon Chimananda Ngozi Adichie… Il faut éduquer nos filles et nos fils autrement ! Si le titre de cet ouvrage féministe ne vous est pas inconnu, c’est tout à fait normal… En effet, il n’est pas vraiment inédit. La version que nous vous proposons aujourd’hui est celle qui a été illustrée à destination des enfants de 3 à 6 ans.

Peu importe où nous habitons dans le monde, la question du genre est cruciale. Dès la naissance, elle définit la place que nous occuperons au sein de la société. Est-ce une fatalité pour autant ? Certainement pas pour Chimamanda Ngozi Adichie. S’inspirant des discours qu’elle a prononcés avec lucidité et sans jamais se départir de son humour, elle s’amuse à mettre des mots d’enfants sur le féminisme. Simple, certes, mais percutant, ce petit livre sur le féminisme vous permettra d’aborder des valeurs qui vous sont chères, avec vos enfants, dès le plus jeune âge !

« Si nous agissons de la même manière, si nous voyons toujours les mêmes comportements, nous finirons par intégrer que tout ceci est normal »

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